Prendre des nouvelles - (Malio)

En arrivant en ville, Matthew avait voulu s’assurer que ses enfants seraient compris et inclus. Il avait donc été au lycée pour parler avec leurs professeurs de la situation. Ils venaient de perdre leurs mères et déménager n’avait pas été facile. A vrai dire ça ne l’avait pas été pour sa fille, mais son fils, lui semblait s’épanouir. Malgré tout, étant désormais le seul parent des jumeaux, il voulait s’assurer de leur bien-être. Il avait pu voir plusieurs enseignants, avant de tomber sur Malio. Ce dernier était sans doute le plus compréhensif de tous. Il ne savait pas pourquoi, mais ce dernier avait tout de suite compris que les jumeaux auraient besoin d’espace, mais d’être poussé également. Sa façon de voir les choses avaient rassuré grandement Matt. Le professeur avait aussi toujours gardé un œil sur les jumeaux et ça faisait plaisir à voir.

Mais ce qui était passé d’une relation purement professionnelle, avait évolué vers de l’amitié entre les deux hommes. Surtout que quand on vit dans une ville comme Kurland, forcément on finit tous par se connaître. Avec Malio, ils allaient donc discuté de temps en temps en dehors du travail et c’était le cas aujourd’hui encore. Apparemment Malio terminait plus tôt et Matt avait un jour de repos. Il en avait donc profité pour proposer au professeur de se rejoindre au parc pour profiter du beau temps et prendre des nouvelles des enfants. Matt n’en avait pas parlé aux jumeaux, il savait que sinon « ça serait la honte », donc il préférait dire qu’il avait des rendez-vous réguliers avec Malio pour parler de leur parcours scolaire.

Evidemment, il savait qu’il devrait leur dire la vérité à un moment donné, mais il espérait juste pouvoir la garder de côté pour le moment. Arrivant au parc, Drysdale avança tranquillement en regardant les enfants qui jouaient un peu plus loin. Il esquissa un sourire, car il devait avouer que ça lui rappelait de bons souvenirs avec les jumeaux quand ils étaient plus jeunes. Les mains dans les poches, il continua d’avancer, cherchant le professeur du regard. Le trouvant finalement, il lui fit un signe de la main et alla vers lui.

Salut, comment vas-tu ?

Souriant, il ne savait pas si ce dernier voudrait marcher ou plutôt s’installer à une des tables en bois non loin. Il préférait le laisser choisir et juste prendre des nouvelles pour le moment.

Tu connais la joie que peut ressentir des élèves quand un professeur est absent, elle est papable et en général elle fait beaucoup de bruit. Quand Sloan la délégué d'une de tes classes est venu pour te demander un petit changement d'emploie du temps, tu as l'as donc bien écouté. Tu étais le seul cour qu'ils avaient en fin de journée puisque ta collègue est absente. Ayant un petit trou avant l'heure du repas et eux aussi, tu avais donc accepté de les libérer avant et d'en faire autant de ton côté.

C'est une excellente nouvelle sachant que tu allais pouvoir corriger quelques copies avant d'avancer ton rendez-vous avec ton ami, Matthew. Tu ne l'aurais jamais crus, d'ordinaire, tu fais tout pour garder de l'espace entre les parents de tes élèves et toi. Question de pratique! Il ne faut pas mélanger le travail et l'intime, mais tu n'avais pas réussi avec lui. Certainement parce que vous aviez bien plus de points communs que tu ne l'avais imaginé au début. Puis un parent qui s'inquiètent de l'avenir de ses enfants, cela peut-être gênant, mais c'est surtout agréable. Tu es le genre de professeur qui s'investi, qui veut comprendre et aider ses élèves. Contrairement à certains de tes collègues, tu as choisi ce métier par amour de l'enseignement.

Vous avez l'habitude de vous croiser Matt et toi, au parc. Tu as toujours pensé que c'est le dernier endroit ou deux adolescents pourraient vouloir traîner et puis vous avez fini par aimer cet endroit. Puis prendre l'air frai, ne te fait pas de trop mal. Tu es simplement passé par chez toi, pour ramener Bayonne, ton chien, une promenade, ne peut lui faire que du bien. "Salut, bien et toi ?" Tu as plus à t'en faire que lui, ta vie est bien ordinaire pour le moment. "Ça ne te dérange pas, j'en profite pour lui dégourdir les pattes." Un gros bouvier bernois qui est ton meilleur ami depuis presque six ans désormais.

Ca va aussi merci.

Souriant, il devait avoue que malgré quelques hauts et bas, il parvenait à gérer sa nouvelle vie avec les jumeaux. Même si parfois, sa fille lui en faisait voir de toutes les couleurs. Quand Malio parla de son chien, le brun ne pu s’empêcher de sourire.

Sans aucun problème et j’aurai dû amener les miens, ils vont être jaloux.

Amusé, il devait avouer qu’il n’avait pas songé à amener ses chiens avec lui. Mais il devait aussi avouer qu’ils ne seraient pas restés sage bien longtemps, encore moins avec un copain avec eux. Reprenant la marche, il soupira doucement.

Ca n’est pas trop la folie avec le boulot ? Avec la reprise et les nouveaux élèves ?

Il se doutait que ça pouvait parfois être mouvementé et il devait avouer qu’enseigner n’était pas fait pour lui. Il aurait sans doute pu faire un bon professeur, mais il savait aussi que le plus dur aurait sans doute été de corriger les copies et de ne pas mettre de commentaire sarcastique dessus. C’était parfois plus fort que lui et il aurait même pu le faire à l’orale, donc il valait mieux qu’il parte vers un domaine dans lequel il pourrait presque tout dire. Mais il devait avouer que les personnes comme Malio étaient rares et c’est pour ça qu’il avait apprécié le jeune homme, dans sa façon d’être avec les jumeaux, mais aussi comme homme et il était amusant.

Ils ne t’en font pas voir de toutes les couleurs encore ?

Tu avais profité d'avoir fini plutôt pour sortir Bayonne, tu aimes ces petits instants avec lui et puis ça permet de continuer son entraïnement. Tu as toujours pris soin de son éducation, il faut dire que tu n'as que ça à faire. À Vancouvers, il n'avait pas le choix d'écouter au doigt et à l'oeil et c'est tellement pratique que tu ne souhaites pas tout brisé. "Pense-y la prochaine fois, je suis sur que nos amis à quatre pattes pourraient bien s'entendre." Tu es un ami des bêtes, Malio. Tu les préfères peut-être aux humains. Tu joues les hommes sociales et d'un côté c'est la vérité. Mais il t'arrive de te dire que les gens sont trop lâchent et menteur, que la souffrance est un plaisir pour certain et du coup .. tu cherches la compagnie des animaux. "Ça va et toi ? Pas trop dur cette nouvelle vie ?" Tu savais ce qu'il voulait dire là-dessus, tu savais qu'il te demandait plus des information sur ses enfants que sur toi. Tu ne pouvais t'empêcher de te dire qu'il est un excellent père. "Ça peut aller ! Maddy a besoin de cadre ! Elle est ... pas constante dans les résultats, mais elle est bien intégrée et ton fils ... il veut s'accrocher. Ils ont mon mail si besoin et je suis prêt à leurs donné des cours du soir si besoin." Tu es sincères après le drame que les deux adolescents ont vécus, ils n'ont pas besoin de ce sentir rabaisser. Il est déjà difficile d'être un adolescent, mais encore plus quand le moral n'est plus au rendez-vous. Tu as perdu ta mère, il y a quatre ans, mais il t'arrive encore d'avoir tellement mal au coeur d'avoir l'impression de mourir.

J’en prend note pour la prochaine fois.

Hochant la tête, il devait avouer que ses chiens auraient en effet aimé venir avec eux. Prenant ensuite des nouvelles du professeur, Matt était content de savoir qu’il allait bien. Ce dernier lui retourna finalement la question et il soupira doucement.

Ca va et pour moi ça ne l’est pas vraiment non, mais pour les enfants, j’ai encore des doutes.

Il disait surtout cela concernant sa fille car clairement elle n’était pas contente d’avoir dû déménager de la sorte. Voulant savoir si pour Malio la reprise du travail avait été bonne, il l’écouta répondre avant de hocher la tête.

C’est gentil de ta part et je garde ça dans un coin de l’esprit au cas ou.

Esquissant un sourire, il devait en effet avouer que Malio prenait son travail et ses élèves très à cœur.

Je ne sais pas comment tu fais. Il y a tellement peu d’enseignants qui seraient prêts à aider de la sorte. Tu fais partie des meilleurs.