Au carrefour de nos amours, j'ai grillé le feu rouge | ft Baz

dommage collatéral

ft. Baz Salinger

Un pas en avant, deux pas en arrière, un sur le côté, un tour sur toi-même. C’est pas une danse que tu répètes, c’est tes mouvements devant ton miroir. Tu remets pour la quarante-quatrième fois le col de ta veste, comme si ça changeait quelque chose de fondamental depuis les quarante-trois fois précédentes. T’es pas convaincu, mais tu sais pas si c’est parce que la veste en cuir est de trop ou parce que t’as juste zéro confiance en toi, que ça fait trop longtemps que tu t’es pas réhabitué à cette histoire de dating. Tu lances un regard à ta plus fidèle conseillère, qui te regarde depuis le canapé, couchée en travers – l’air totalement incrédule. T’en penses quoi ? Tu penses ça peut le faire ? Pas de réponse : il serait de toutes évidences osé de ta part d’espérer des compliments ou des remarques de la part d’un labrador. Pour peu qu’elle en ait en plus, rien à cogner de ta tenue. Elle se contente de bailler avec dédain en reposant son museau derrière sa patte. Ouais bah t’façon t’y connais rien hein. Sans blague, c'est un chien Maxence.

T’écourtes cette conversation sans évident intérêt avec Pantoufle, que tu gratifies quand même d’une caresse sur la tête avant de passer la porte. Une grande inspiration dans l’entrée de ton appartement. Une autre en sortant du motel, une en plus en ouvrant la portière de ta voiture. C’est marrant, parce que t’as beau être en vrac intérieurement, tu présentes pas si mal d’extérieur. T’as quelques signes nerveux bien sûr, genre tes doigts qui tapotent sur le volant à un rythme régulier – régulièrement agaçant ouais – et tu remets une mèche de cheveux imaginaire toutes les cinq minutes en te regardant dans le rétroviseur. Mais tu peux t’en convaincre, si l’extérieur de ton corps l’est déjà, tu peux y arriver. Tu peux détendre ta main, profiter du chemin dans ta voiture, l’air qui passe par la fenêtre qui refroidit ton cerveau en surchauffe.

Ça va bien se passer.